Rodolphe dans la casserole

En Suède, il n’est pas surprenant de trouver au rayon des surgelés de la viande de renne ou d’élan. Des plats typiquement scandinaves qu’on a eu la chance de tester à Antipodes.

Lorsqu’on goûte pour la première fois de la viande de renne, il faut le faire de la meilleure manière possible, qui d’autre donc qu’une native du Nord de la Suède pour nous faire découvrir cette viande riche en goût et pauvre en graisse ?  Sofia, notre hôtesse suédoise a sorti une recette familiale et nous voila donc devant ce fameux plat. Renne à la crème avec ses morceaux de bacon et de pomme, accompagné de pomme de terre et d’airelles rouges, une autre spécialité suédoise. Si l’envie vous vient, sachez que la recette est assez simple et qu’on la traduite juste pour vous.

Dans une poêle beurrée faites revenir la viande pour qu’elle soit dorée, ajoutez un oignon, 100 grammes de champignons puis salez et poivrez. Continuez la cuisson, puis ajoutez de 2 tasses de crème fraîche et 5 baies de genièvres écrasées (vous pouvez aussi incorporer une cuillère à soupe de gelée de cassis). Ajoutez des morceaux de bacon et de pommes, et un peu de thym. Laissez mijoter quelques minutes.

Voilà vous pouvez servir l’ensemble accompagné de pomme de terre et d’airelles rouges.

Renne et pommes de terre aux airelles rouges par Sofia, étudiante suédoise

Renne et pommes de terre aux airelles rouges par Sofia, étudiante suédoise

Petite histoire de renne

Le renne en Suède peut être considéré comme nos cuisses de grenouilles ou nos escargots. Un plat qui ne se cuisine qu’occasionnellement. Mais pour la minorité des Suédois du Nord, le renne est la viande populaire, notamment chez les peuples autochtones comme les Sami . Le renne ne se chasse pas, il est issu de l’élevage des peuples Sami qui sont les seuls à être autorisés à garder ses rennes dans les champs et les montagnes principalement au Nord du pays. L’élevage est reparti en territoire appelé Sameby où les Sami peuvent exercer leur droit d’éleveur. Aujourd’hui, il existe une cinquantaine de Sameby en Suède.

Lors d'une visite d'un parc d'élan

Lors d’une visite d’un parc d’élan dans le Sud du Pays

La viande de renne est aujourd’hui d’autant plus un plat occasionnel que les prix ont tendance à être assez élevés. Au supermarché au rayon des surgelés, comptez 6 euros pour des morceaux d’élan ou de renne pour une personne. Au marché local, le kilo monte très vite à plus de 30 euros le kilo pour les pièces les moins chères.  Un luxe qui ne l’a pas toujours été. La viande de renne a été longtemps populaire en Suède jusqu’à l’accident de Tchernobyl qui a complètement changé les habitudes des Suédois. En avril 1986, les fumées dégagées par la catastrophe nucléaire vont se propager jusque dans les pays scandinaves et suit alors une certaine panique de la part des autorités. Légumes, poissons et viandes sont contaminés à la suite des retombées, et le gouvernement suédois va alors interdire la consommation de viande d’animaux sauvages. En 1986, c’est près de 73 000 rennes qui vont être déclarés impropres à la consommation. La viande de renne et d’élan devient alors de plus en plus rare, et les conséquences se ressentent encore aujourd’hui. Une majorité de suédois n’ont pas repris cette coutume alimentaire. Une contrainte de prix, la peur ou peut-être tout seulement parce que l’habitude n’y est plus.

Charline Madini